Un accord international historique dans la lutte contre la pollution plastique

Un accord international historique dans la lutte contre la pollution plastique

Après s’être réunie autour de l’océan lors du Ocean Summit à Brest, la communauté internationale s’est concentrée, il y a quelques jours, sur la pollution plastique à Nairobi. Deux événements qui marquent le début d’une année riche et prometteuse pour le climat.

C’est le 28 février dernier que s’est ouverte la 5ème Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) au Kenya. Les 175 nations ont approuvé une résolution historique visant à mettre fin à la pollution plastique et à élaborer un accord international juridiquement contraignant d’ici 2024. Pour cela, un comité intergouvernemental de négociation a été créé, il devra prendre en compte le cycle de vie entier du plastique, de la production à la gestion des déchets. Les négociations commenceront dès cette année. « Ce jour marque le triomphe de la planète Terre sur les plastiques à usage unique. Il s’agit de l’accord multilatéral sur l’environnement le plus important depuis l’Accord de Paris (sur le climat) », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement). Son adoption s’est marquée d’un coup de marteau, en plastique recyclé !

Le traité porte sur les pollutions plastiques terrestres et marines, responsables de 3,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l’OCDE. Cet accord devrait présenter un instrument juridiquement contraignant, qui refléterait diverses alternatives pour traiter le cycle de vie complet des plastiques et la conception de produits et de matériaux réutilisables et recyclables. Il travaillera aussi sur une collaboration internationale renforcée pour faciliter l’accès aux technologies, le renforcement des capacités et la coopération scientifique et technique. Les spécificités de chaque pays seront prises en compte ainsi que les besoins de financement des pays en voie de développement.

Parallèlement, le PNUE travaillera avec tous les gouvernements et les entreprises qui le souhaitent, pour abandonner les plastiques à usage unique.

La dernière étude publiée par l’OCDE sur la pollution plastique rappelle l’urgence et l’importance d’agir: la production de plastiques a doublé depuis 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes générant 353 millions de tonnes de déchets. Seulement 9% d’entre eux sont actuellement recyclés et 22 % sont abandonnés dans des décharges sauvages. 

Ce sont au total 30 millions de tonnes de déchets plastiques qui se sont accumulés dans les mers et les océans, et 109 millions de tonnes dans les cours d’eau. Le plastique à usage unique représente la majorité de cette pollution.

Cette pollution a un effet dévastateur sur les écosystèmes marins. C’est toute la biodiversité marine qui est menacée, et particulièrement les récifs coralliens et les mangroves. En effet, en plus des problèmes d’étranglement et d’ingestion par les espèces, la pollution plastique prive les coraux de lumière et d’oxygène, ce qui les rend plus susceptibles de contracter des maladies. Pourtant ces écosystèmes procurent des services vitaux pour la vie terrestre et marine, les récifs coralliens sont indispensables à la survie de 25% de la biodiversité marine. Les mangroves sont également plus fragiles lorsque leurs racines sont en contact avec du plastique, ce qui limite leur rôle de protection contre l’érosion des côtes.

Réduire la production primaire de plastique est une urgence. C’est pourquoi la résolution adoptée par l’ANUE suscite beaucoup d’enthousiasme. Un alignement des méthodes de conception et des réglementations relatives aux substances chimiques est fondamental pour améliorer la circularité du plastique car il s’échange mondialement. Selon l’ONU, le passage à une économie circulaire peut réduire de plus de 80% le volume de plastique entrant dans les océans d’ici à 2040, réduire de 55% la production de plastique vierge, faire économiser 70 milliards de dollars aux gouvernements d’ici à 2040, réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre et créer 700.000 emplois supplémentaires, principalement dans les pays du Sud. Cela soulagerait ainsi la santé de nos océans qui doivent faire face à de nombreuses autres menaces d’origines humaines (la surpêche, le réchauffement, l’acidification, les espèces invasives, la pollution chimique et sonore…). Il faudra néanmoins attendre le résultat des négociations et les signatures de l’accord pour confirmer cet enthousiasme.

Pour en savoir plus: site des Nations Unies.

Article rédigé par Sixtine Lehodey.

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